vendredi 8 juillet 2011

Des lunettes intelligentes pour résoudre les troubles visuels

Des lunettes intelligentes pour résoudre les troubles visuels (Crédits : Stephen Hicks)
A la Royal Society Summer Science Exhibition, au Royaume-Uni, des chercheurs ont dévoilé leur dernière invention : une paire de lunettes permettant aux personnes souffrant de troubles importants de la vision de "voir" à nouveau les objets et les lieux.
Développée par l’équipe de neurosciences de la Clinique d’Oxford, la paire de lunettes qui vient tout juste d’être dévoilée est très prometteuse. Grâce à un logiciel intégré, ces lunettes repèrent ce qui se trouve en face de la personne qui les chausse et utilisent des LEDs (diodes) pour reproduire l’image selon des motifs relativement simples, permettant ainsi à des personnes souffrant de troubles visuels de recouvrer une partie de leur vue.
Le fonctionnement est relativement simple. Les lunettes sont équipées d’une minuscule caméra, dissimulée dans la monture et reliée à un micro-ordinateur de la taille d’un smartphone. Incrustée dans les verres, une multitude de petites LEDs s’allume pour représenter les objets et les mouvements qui se trouvent dans le champ visuel de l’utilisateur. Par le biais de la caméra le logiciel reconnaît les objets vers lesquels se dirige "le regard" et les LEDs retransmettent de façon simplifiée et suffisamment lumineuse les images de façon à ce qu’une personne à la vue limitée puisse distinguer, si ce n’est voir, les objets proches et les éléments environnants. Le professeur Hicks, à la tête de l’équipe de scientifiques, s’est inspirée de la Xbox Kinect, le système de détecteur de mouvement de la console de jeux pour mettre au point ce système.
Pour le moment, seules les lumières les plus intenses signalent les objets les plus proches, mais des améliorations devraient être apportées pour que les futures versions utilisent des couleurs permettant de différencier les objets les uns des autres. Un gyroscope pourrait également être intégré, de façon à ce qu’en tournant la tête, le système s’adapte automatiquement, en temps réel, sans avoir à recalculer les nouvelles informations.
Un prototype encore à développer
Smartplanet.com rapporte que les chercheurs mènent actuellement une étude d’un an pour développer et tester ce système auprès de personnes atteintes de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et de maladies rétiniennes. Comme l’explique Iain Wilson, "la plupart des gens qui ont perdu la vue, en vieillissant ou suite à une maladie, continue à distinguer les contrastes et cela alors même qu’ils ne sont pas en mesure de voir leur propre main en face de leur visage".

sources:maxisciences.com

Fukushima : des associations réclament l'évacuation des enfants

La centrale nucléaire accidentée de Fukushima après le séisme et le tsunami du 11 mars dernier
Dans les sols de la ville de Fukushima, à soixante kilomètres de la centrale nucléaire accidentée depuis mars dernier, des niveaux de radioactivité parfois quatre fois supérieurs à la limite légale ont été mesurés. C'est ce que révèlent plusieurs associations de résidents qui réclament l'évacuation de tous les enfants et les femmes enceintes de la ville.
Plusieurs associations de résidents de Fukushima ont fait analyser les sols de la ville de 300.000 habitants située à une soixantaine de kilomètres seulement de la centrale nucléaire gravement touchée par le tsunami du 11 mars dernier. Or comme le rapporte le site du Monde, l'une des mesures a révélé un taux de césium radioactif de 46.540 becquerels par kilogramme. Un niveau plus de quatre fois supérieur à la limite légale de 10.000 becquerels appliquée au Japon. Comme le souligne le regroupement d'associations qui a demandé cette étude, ce taux est supérieur au seuil fixé après la catastrophe de Tchernobyl pour l'évacuation des populations.
Trois autres analyses du sol de Fukushima ont fait état de taux compris entre 16.290 et 19.220 becquerels par kilogramme. "La contamination des sols s'étend dans la ville", alerte le chercheur qui a réalisé les analyses, Tomoya Yamauchi, un professeur de l'université de Kobé spécialiste des radiations. "Les enfants jouent avec la terre, ils jouent donc avec des substances hautement radioactives", prévient-il avant de réclamer l'évacuation des enfants et des femmes enceintes "au plus vite".
Après l'accident engendré par le violent séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon, 160.000 personnes vivant à proximité de la centrale ont quitté leurs maisons. Mais près la moitié est depuis revenue. Les familles qui vivaient dans un rayon de 20 kilomètres autour du site ont pour la grande majorité préféré ne pas retourner chez elles.

sources:maxisciences.com

Le web participe aussi aux émissions de CO2

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L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a rendu publique les résultats de son étude sur les conséquences sur l’environnement de l'utilisation de l'outil informatique et plus particulièrement de l'Internet.
Ce sont des résultats plutôt alarmants dont a fait part l'ADEME. Jeudi, celle-ci a en effet communiqué les conclusions de son étude sur la part de l'outil informatique dans les émissions de CO2. C'est pour faire suite à un rapport de 2008 réalisé par l'Agence d'évaluation environnementale BIO Intelligence que l'ADEME a décidé de se pencher sur la question de l'impact environnemental des ordinateurs et d'Internet. En effet, le rapport a révélé que près de 2% des émissions européennes de gaz à effet de serre proviennent des technologies de l'information et de la communication (TIC). Un chiffre qui doublera d'ici 2020 si rien n'est changé.
Dans son étude, l'ADEME s'est ainsi intéressée aux émissions de CO2 de cette technologie, mais aussi au cycle de vie de trois symboles des TIC : les courriels, le surf sur le web et l'utilisation de support de transmission de documents tels que les clés USB. Au final, l'étude a duré 18 mois et a mis en évidence des points alarmants. Elle révèle par exemple qu'un particulier et sa petite imprimante n'ont pas vraiment d'impact en comparaison, des nombreux emails envoyés dans le cadre professionnel qui génèrent chaque année des émissions de gaz à effet de serre atteignant, pour une entreprise de 100 personnes, 13,6 tonnes d'équivalent CO2  — soit environ 13 allers-retours Paris-New York — ou encore 136 kilogrammes équivalent CO2 par salarié, comme le rapporte Le Monde.
En ce qui concerne le surf sur le web, le fait de consulter 5 pages pendant à peine une minute chacune avant de trouver l'information donne lieu à l'émission de 10 grammes d'équivalent CO2. Pour la clé USB, l'étude a pris en compte à la fois son utilisation et sa production, laquelle nécessite beaucoup d'énergie, d'eau et de métaux rares. Ainsi, dans le cas de la transmission d'un fichier à 1.000 personnes, les émissions atteignent celles provoquées par un trajet de 80 kilomètres en voiture.
Adopter des réflexes simples
Face à ce bilan négatif, l'ADEME a donc donné quelques conseils pour limiter les émissions de l'utilisation informatique. Ainsi, elle propose par exemple, de mieux cibler les recherches avec un mot clé précis ce qui permettrait un gain en émissions de CO2 par internaute d'un ordre comparable à celles de 40 kilomètres parcourus en voiture. Par ailleurs, à en croire l'ADEME le stockage des mails et des pièces jointes sur un serveur est aussi un enjeu important. En effet, plus le courriel est conservé longtemps, plus son impact sur le changement climatique serait fort. Trier régulièrement ses mails permettraient ainsi de limiter les émissions. Enfin, l'étude dénonce également l'impression des emails comme l'un des postes majeurs responsable de l'impact environnemental de l'informatique. Comme relaye le Monde, réduire de 10 % le taux d’impression permettrait alors d’économiser 5 tonnes équivalent CO2 sur un an dans une entreprise.

sources: maxisciences.com

jeudi 7 juillet 2011

Le projet Hermitage Plaza, 323 mètres, se concrétise à la Défense

Alors que la crise a remis en cause ou retardé la construction de la plupart des futurs gratte-ciels de la Défense, le projet Hermitage Plaza de 323 mètres se concrétise. La pose de la première pierre est prévue pour 2011, la livraison doit intervenir en 2016.





Les futures tours du Hermitage Plaza

Situé coté Seine de l'Esplanade de la Défense, près du Pont de Neuilly, le projet Hermitage sera la plus haute réalisation de tours mixtes (composées de bureaux, logements et commerces) en Europe occidentale. Avec 323 mètres de hauteur, elle sera un mètre moins haute que la tour Eiffel, un acte symbolique, mais tout de même 84 mètres de plus que le plus haut bâtiment actuel de la Défense et de France, la tour First en cours d'achèvement (239 mètres). Son budget est de 2 milliards d'euros, le projet devrait générer 5000 emplois indirects lors de sa construction, et 3000 emplois directs par la suite.

De financement russe, le projet Hermitage Plaza est composé de deux tours jumelles. Avec pour architecte Norman Foster, une des deux tours sera composée de 92 étages, elle possédera un hôtel 5 étoiles de 210 chambres sur une hauteur de 20 étages, un centre de thalassothérapie, un centre de fitness, un restaurant, ainsi que des appartements panoramiques. L'autre tour, de 91 étages, sera pourvue de bureaux, d'un spa et d'appartements. Au total, ce sont 62 étages sur chacune des deux tours qui seront occupés par 540 logements de grand standing, avec un prix au mètre carré de l'ordre de 12 000 euros.


sources:techno-science.net

Refroidir un ordinateur grâce à la physique quantique

La suppression des données d'un disque dur pourrait conduire, dans des conditions bien particulières, à un refroidissement du système. Telle est la conclusion d'une étude réalisée conjointement par des physiciens de l'Université d'Oxford, de l'Université nationale de Singapour et de l'ETH Zürich (Institut fédéral de technologie de Zürich), et parue dans le journal Nature au mois de juin 2011. L'étude a pour titre: "The thermodynamic meaning of negative entropy" (La signification thermodynamique de l'entropie négative).

La chaleur d'un ordinateur générée par les calculs informatiques est non seulement un obstacle à la miniaturisation des circuits mais également un aspect fondamental de la relation entre théorie de l'information et thermodynamique, que l'on appelle entropie. Le travail de l'équipe de chercheurs a été de démontrer que lors de la suppression d'information, l'entropie du système, et donc sa capacité à produire de la chaleur ou à se refroidir, était conditionnée par l'information quantique qu'un observateur possède sur ce système.

Cette étude vient remettre en cause les principes de la thermodynamique classique appliqués aux ordinateurs. En physique, selon le principe de Landauer, la suppression de données stockées sur un système possède un coût de travail inhérent et de ce fait dissipe de la chaleur. Cette théorie suppose que l'information sur le système à effacer est classique, et ne s'étend pas aux cas où un observateur peut avoir des informations quantiques sur ledit système. L'étude parue dans Nature démontre que le principe de Landauer ne s'étend pas au domaine de la physique quantique où il peut y avoir suppression de données sans dissipation de chaleur, voire refroidissement.

Les résultats de l'étude, qui demeurent pour l'instant théoriques, permettent d'imaginer des systèmes (ordinateurs ou serveurs de données) où la suppression d'information conduirait à un refroidissement de l'environnement. La condition étant que l'observateur ait suffisamment d'information sur les données à effacer. En d'autres termes que la suppression d'information (bits de données) du système se fasse sans perte d'information pour l'observateur.

L'équipe s'est inspirée des idées de la théorie de l'information et de la thermodynamique. Dans la théorie de l'information, l'entropie est une mesure de la densité de l'information qui décrit la densité d'information que pourrait prendre un ensemble de données lors d'une compression optimale. Pour la thermodynamique, l'entropie est reliée à un désordre des systèmes, par exemple l'arrangement des molécules dans un gaz. L'ajout de l'entropie à un système équivaut habituellement à ajouter de l'énergie en tant que chaleur. Le travail de recherche s'est appuyé également sur la théorie de l'information quantique, qui est un développement de la théorie de l'information de Claude Shannon, et qui exploite les propriétés de la mécanique quantique, notamment le principe de superposition ou encore l'intrication.

Pour Renato Renner, un des auteurs de l'article: "l'étude a démontré que dans les deux cas, en théorie de l'information et en thermodynamique, le terme entropie décrit en fait la même chose, et ce même dans le régime de la mécanique quantique. Notre équipe a montré que pour les deux domaines, l'entropie est considérée comme une marque de manque de connaissances".

Le résultat de cette étude, qui lie théorie de l'information, thermodynamique et physique quantique, apporte de nouvelles connaissances théoriques pour la construction d'ordinateurs quantiques, potentiellement plus rapides et moins coûteux en énergie. Mais elle entrouvre également la voie à d'autres champs d'applications, notamment dans le domaine de la thermodynamique.


sources:techno-science.net

L'obésité masculine nuit à la fertilité

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Selon une étude présentée lundi à Stockholm et menée sur près de 2.000 Français, l'obésité serait nuisible à la qualité du sperme et aurait un impact sur la fertilité.
Alors que l'obésité est devenu un réel problème de santé publique, des chercheurs français se sont intéressés aux conséquences du surpoids sur la qualité du sperme. Présentée hier à l'European Society of Human Reproduction (ESHRE), l'étude a été conduite sur près de 2.000 hommes français âgés de 24 à 48 ans et révèle un impact inquiétant de l'obésité sur la fertilité masculine.
Au cours des recherches, plusieurs paramètres ont été étudiés, notamment le pH et le volume du sperme mais aussi la concentration en millilitres du nombre de spermatozoïdes. Les chercheurs se sont alors aperçus que dès que l'Indice de Masse Corporelle (IMC) est supérieur à 30, soit le seuil de l'obésité, les phénomènes observés s'aggravent : les spermatozoïdes sont moins rapides et moins nombreux. "Le surpoids entraîne une modification des paramètres du sperme, du fait probablement de désordres hormonaux, avec des déficits en nombre, en mobilité et en vitalité, ce qui entraîne des pertes de possibilité de conception", a précisé le Dr Cohen-Bacrie à l'AFP.
Moins de gamètes chez les obèses
Selon les résultats de l'étude, la diminution des gamètes serait même proportionnelle à l'importance du surpoids : le compte total de spermatozoïdes, d'environ 190 millions par millilitre chez les gens de poids normal, baisse à environ 160/185 chez ceux en surpoids, et à 135/155 chez les obèses. Ce n'est pas la première fois que les scientifiques établissent un tel lien entre obésité et fertilité. Le fait que le surpoids pouvait entraîner des troubles de l'ovulation pour la femme était ainsi déjà avéré. Le Dr Cohen-Bacrie, qui a dirigé cette étude précise alors que lorsqu'un "couple cherche à concevoir, il faut aussi regarder le poids de l'homme, une donnée importante".
Par ailleurs, l'étude a aussi démontré que la maigreur entravait la fertilité. Agir sur le poids serait donc une action simple qui pourrait permettre de concevoir naturellement et d'éviter la procréation médicalement assistée.

sources:maxisciences.com

Les mathématiques ont une culture !



Chez les Inuits, habitués à compter à l'aide de leurs doigts et de leurs orteils, la base mathématique est de 20. Pour une enseignante, voilà une information plutôt capitale! (Photo: iStockphoto)
Louise Poirier ne s'attendait pas à faire l'une des plus étonnantes découvertes de sa carrière lorsqu'elle s'est rendue dans un village inuit, aux confins du Grand-Nord, à l'invitation de la Commission scolaire Kativik en 2000. Elle a constaté que les Inuits ne comptaient pas sur une base de 10 mais de 20. "Évidemment, pour des enseignants, c'est une réalité dont il faut tenir compte si l'on veut leur transmettre des connaissances", indique la spécialiste de la didactique des mathématiques et doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal.

En Occident, 10 unités font une dizaine, 10 dizaines une centaine, 10 centaines un millier, etc. Chez les Inuits, habitués à compter à l'aide de leurs doigts et de leurs orteils, la base mathématique est de 20. De plus, le principe de la décimale est difficile à concevoir étant donné que le nombre 1 est dit la plus petite unité indivisible. "Quand on leur demande d'entrer sans préparation dans une logique différente de leur culture d'origine en passant de l'inuktitut au français ou à l'anglais, ils peuvent bien être désorientés", soupire Louise Poirier.

Cette désorientation se chiffre: le taux d'échecs atteint des sommets chez les jeunes Inuits et le décrochage scolaire est une préoccupation majeure pour la communauté. Mais au fait, pourquoi enseigner les mathématiques "occidentales" à un peuple qui n'en voit peut-être pas l'utilité? "Pour qu'il puisse s'engager de plain-pied dans le monde du travail, tranche Mme Poirier. Avec le développement minier et énergétique du Plan Nord, on aura besoin d'ingénieurs, d'arpenteurs, de gestionnaires. Il ne faut pas que les autochtones soient exclus de cette nouvelle économie."

Cette découverte a confirmé ce qu'elle savait déjà, puisque la réflexion théorique l'évoque depuis longtemps: les mathématiques sont un produit culturel. "Les Inuits ne sont pas les seuls à compter sur une base de 20; les Aztèques et les Mayas le faisaient aussi."

Triple regard

De 2000 à 2007, la chercheuse a visité chaque année 7 des 14 communautés inuites où la Commission scolaire Kativik gère des écoles. Ses séjours de deux à trois semaines avaient pour but d'adapter les méthodes d'enseignement des mathématiques aux communautés autochtones. Cette expérience l'a menée à documenter des approches originales en didactique. "J'ai rencontré des ainés, discuté avec des enseignants et des conseillères pédagogiques. Nous avons mis en place un système d'apprentissage avec la communauté. Ç'a été un projet formidable."

Parmi ses observations, elle souligne que les élèves inuits ont des forces en mathématiques, "tout particulièrement en représentation spatiale et en géométrie". Mais le programme pédagogique ne met pas l'accent sur ces forces. Même phénomène avec les méthodes d'enseignement, mal adaptées. "Les exercices papier-crayon ne sont pas naturels pour les Inuits. De même, on ne questionne pas un enfant quand on sait d'avance qu'il ne connait pas la réponse. Traditionnellement, l'apprentissage passe plutôt par le récit oral, l'énigme."


Louise Poirier
La plus grande difficulté se situait toutefois ailleurs... C'est en inuktitut que les élèves inuits ont leurs premiers contacts avec les mathématiques. À partir de la troisième année du primaire et jusqu'à la fin du secondaire, l'enseignement se déroule en français ou en anglais. "Les élèves se retrouvent alors en situation d'apprentissage des mathématiques en langue seconde. Or, le langage joue un rôle fondamental dans le développement de la pensée mathématique", fait-elle remarquer.

Son passage a au moins laissé une trace encore visible dans la commission scolaire: on n'exige plus des jeunes qu'ils passent sans transition de l'inuktitut au français ou à l'anglais entre la deuxième et la troisième année du primaire. "Une année mixte a été instaurée en milieu de cycle. C'est une année où l'on permet aux élèves de se familiariser avec la nouvelle langue d'enseignement et avec sa logique, sans que soit brusquement proscrite leur langue maternelle."

Comme elle l'a signalé au cours d'une présentation en Italie, l'enseignement des mathématiques dans une région isolée "passe nécessairement par la compréhension qu'a l'enseignant de sa pratique et de son contexte d'enseignement". Chez les Inuits, on doit donc intégrer des enseignants locaux dans l'équipe pédagogique. En plus du linguiste, celle-ci sera constituée de trois formateurs d'enseignants et de conseillers en élaboration de programmes. "Cela nous permet d'avoir le triple regard nécessaire: contexte d'enseignement, culture inuite et didactique des mathématiques", commente-t-elle.

Son projet de recherche terminé, Louise Poirier a mis un terme à son travail dans le Grand-Nord. Elle a présenté les résultats de ses observations à l'occasion de conférences nationales et internationales. Des chercheurs sénégalais ont reconnu la pertinence de ses travaux il y a deux ans. "Un conseiller pédagogique de Dakar est venu à moi, les larmes aux yeux, à la suite d'une communication sur les Inuits. Selon ses termes, je lui avais donné une clé pour pénétrer dans la logique mathématique de la communauté wolof avec laquelle il travaillait."

Des maths à l'interdisciplinarité

Depuis une dizaine d'années, Louise Poirier s'est consacrée à l'administration universitaire en prenant la tête du Département de didactique de la Faculté des sciences de l'éducation. Elle occupe le poste de doyenne depuis le 1er juin 2010. C'est la deuxième femme de l'histoire, après Gisèle Painchaud, à diriger cette faculté à forte majorité féminine.

Cette passionnée de pédagogie a longtemps hésité entre la psychologie et la didactique; elle a réglé la question en faisant converger plusieurs disciplines vers des questions d'éducation. C'est ce qui l'a conduite, entre autres, à s'associer à un linguiste lorsqu'elle s'est rendue à Povungnituk. "La linguistique m'est apparue comme une clé pour aborder la logique de ce peuple extraordinaire, pour lequel j'ai conservé un immense respect", dit-elle.

Tout en dirigeant la faculté, qu'elle veut "innovante" et "ouverte sur le monde", Mme Poirier poursuit son travail de chercheuse en utilisant notamment le jeu comme outil de développement pédagogique (voir Forum du 11 avril dernier, "Les multiples visages de l'internationalisation de l'Université"). En 2010, elle est allée au Sénégal à l'invitation de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, où l'on s'intéresse à ses travaux dans le Nunavik.

Louise Poirier n'a toutefois pas délaissé les écoles montréalaises, où les mathématiques ont encore une bonne pente à remonter. "Nos recherches démontrent que certains des élèves en difficulté s'avèrent parmi les plus habiles de la classe dans les jeux mathématiques où ils doivent démontrer un esprit stratégique. Appliquée dans des écoles défavorisées, l'approche interdisciplinaire permet une hausse incroyable de la présence en classe et de la réussite scolaire."

Une autre illustration que les mathématiques ont une culture. "J'ajouterais qu'elles ont aussi une histoire et une géographie. Tous les peuples ont fait appel aux mathématiques pour résoudre des problèmes qui se présentaient à eux. Tous les peuples ont donc participé à la construction des mathématiques", conclut la doyenne.

sources:techno-science.net